dimanche 4 octobre 2009

Noeud Gordien épisode 90

À partir de maintenant, je vais mettre à jour http://noeudgordien.com à tous les 5 épisodes. Vous pourrez toujours lire l'épisode hebdomadaire en primeur ici!

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Épisode 90 : La boucle

Laurent Hoshmand monta dans la voiture d’Édouard Gauss.

Un silence inconfortable prit toute la place pendant un moment. Édouard se demandait bien ce que cet homme pouvait avoir à lui dire – et lucidement, ce qu’il pouvait vouloir de lui.

Impatient d’en savoir plus, il demanda un peu brusquement : « Alors?

— Alors quoi?

— À vous de me le dire! »

Hoshmand fit un signe de la tête vers la bâtisse qu’Édouard surveillait. « Ça fait longtemps que vous surveillez ce bâtiment? »

Édouard n’était pas né de la dernière pluie. Il n’allait quand même pas s’ouvrir sur simple demande à quelqu’un qui pouvait tout aussi bien travailler pour son homme-mystère!

« Je ne sais pas de quoi vous parlez…

— Vous m’avez bien fait monter! »

Édouard ironisa : « Peut-être que je me sens seul? Peut-être que je suis habitué que mes fans usent de prétextes pour m’approcher? »

Hoshmand rit d’un petit rire sec et sans humour. « Peut-être bien… dans ce cas, il vous suffira de m’écouter. Imaginons que vous surveillez cet édifice parce que l’un de ses occupants a attiré votre attention.

— Ouais, imaginons.

— Un enquêteur chevronné commencerait sans doute en se penchant sur la sécurité de l’édifice et sur la disposition des lieux… Comment l’espace est divisé, les voies d’accès, les dispositifs de sécurité…

Il n’avait pas tort. « J’imagine qu’un enquêteur procéderait ainsi. Mais encore?

— Cela fait quelques jours que j’ai eu l’occasion de remarquer votre présence dans les environs. Pourtant, vous n’avez jamais vu le lobby de l’édifice et vous ne savez rien d’autre que ce que vous pouvez apercevoir d’ici. Non? »

Spontanément, Gauss allait protester lorsqu’il réalisa que Hoshmand avait parfaitement raison. Comment avait-il pu surveiller un édifice aussi longtemps sans penser une seule fois à s’en approcher davantage? Un frisson lui traversa l’échine. Cela ne lui ressemblait vraiment pas.

Il tenta de cacher son malaise. « Vous n’êtes quand même pas venu me donner un cours de filature, quand même? »

Sans montrer qu’il remarquait le malaise d’Édouard, Hoshmand déposa son sac sur ses genoux et produisit un caméscope numérique. Il déploya l’écran et fit jouer un enregistrement. C’était Édouard stationné sur la même rue qu’aujourd’hui, quoiqu’il ne portât pas les mêmes vêtements. La vidéo avait été prise un autre jour.

Édouard se vit sortir de son auto, s’approcher de l’édifice jusqu’à son entrée, après quoi il tourna les talons et revint à sa voiture sans même avoir jeté un regard au-delà de la porte vitrée.

L’extrait le laissa perplexe. « C’était la semaine dernière », dit Hoshmand. « Celui-ci, le jour d’après ».

Édouard se vit à nouveau approcher du building sans s’y rendre. Hébété, il vit comment il avait répété ce manège plusieurs fois… Dont la dernière avait eu lieu aujourd’hui même.

Il n’avait pas le moindre souvenir de l’avoir fait ne serait-ce qu’une seule fois.

« Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce que ça veut dire? » Il n’était plus perplexe ni hébété, mais carrément affolé.

« Qu’est-ce qui se passe, indeed », répondit Hoshmand. Il fit glisser une carte-mémoire de la caméra et la déposa dans la main d’Édouard. « Je vous laisse y réfléchir », dit-il avant de sortir prestement de la voiture, laissant Édouard stupéfié.

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