jeudi 31 décembre 2009

Le Noeud Gordien épisode 101

Je vous ai demandé qui vous vouliez voir pour défoncer l'année; toutes les réponses que j'ai reçues incluaient Félicia Lytvyn. Avec quelques jours d'avance (question d'enfin tomber en vacances pour vrai!), le voici le voilà, le début du volume 3! Bonne lecture et bonne année à tous et merci de me lire!!
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Des intérêts communs
Le cœur de Félicia roucoulait et ronronnait.
Elle se sentait à son meilleur. Partout sur son passage, elle pouvait sentir les regards s’infléchir, autant ceux des hommes qui la reluquaient avec désir et admiration que ceux, plus délicieux encore, des femmes chez qui elle devinait l’envie, la jalousie, l’hostilité. Elle était habituée à être ainsi lorgnée, mais aujourd’hui, l’énergie déployée à sa préparation avait été entièrement destinée à un homme en particulier.
Après quelques semaines, leur relation demeurait jeune. Habituée aux histoires plus volatiles, plus éphémères, c’était une sensation étrange qu’elle ressentait… Étrangement, la restreinte dont ils faisaient preuve rendait leur relation encore plus passionnée… Qui eût cru qu’un jour, Félicia Lytvyn fréquenterait un homme durant un mois sans le conduire au lit, sans même que ça ne lui manquât? Ils procédaient lentement, mais elle sentait leur lien s’approfondir de jour en jour. Elle se sentait… complétée par leur relation.
Le maître d’hôtel la reconnut dès qu’elle franchit le seuil du restaurant privé où ils s’étaient donné rendez-vous. Il la conduisit personnellement à leur table habituelle.
« M. Smith s’excuse, il sera là sous peu… » Il était inhabituel qu’il soit en retard; fidèle à son habitude, elle était arrivée fashionably late, ce qui poussait l’inhabituel jusqu’à l’inquiétant.
Vingt-cinq minutes, deux verres et trois appels plus tard, elle s’apprêtait à quitter le restaurant lorsque son maître, son professeur, son amoureux arriva. Il lui suffit de voir le sourire contenu de Gianfranco Espinosa pour que son cœur se remette à roucouler. Il lui baisa la joue et prit place devant elle.
« Je m’excuse de mon retard, mais c’est pour une bonne raison… » Ses yeux pétillaient.
« Ah oui?
— Oui… La Joute est déclarée! »
Félicia ressentit une bouffée d’excitation. Espinosa continua : « Gordon m’a choisi comme lieutenant! Je m’y attendais, bien entendu, mais c’est maintenant officiel…
— J’ai bien hâte de revoir Polkinghorne », répondit-elle sans douter un instant qu’Avramopoulos l’avait retenu comme lieutenant. « Je connais quelqu’un qui va avoir quelques surprises! 
— Tu as tellement progressé depuis que je t’ai envoyée étudier avec lui… Mais ne le sous-estime pas! Il a la coupe, l’épée et le bâton…
— Je sais, je sais, et moi je n’ai encore qu’une toge blanche. Mais tout n’est pas dans la panoplie… Damn! Après tout ce temps, c’est moi qui redécouvre comment contenir l’âme d’un défunt et on me traite…
— Chut! Ne parle pas de ça ici!
— Quand même, c’est frustrant de repousser les limites de notre art et encore être traitée comme une putain de novice…
— Félicia, ils ne le savent même pas… » C’était un secret bien trop précieux pour le dévoiler gratuitement.
« Bien justement : s’ils étaient capables de voir au-delà des traditions, ils verraient bien mon potentiel ».
Espinosa posa sa main sur celle de Félicia. Ses yeux disaient je le vois, moi. Son sourire était un peu plus large; sur son visage d’ordinaire stoïque, il apparaissait presque forcé. Il chassa néanmoins l’indignation de Félicia.
D’un air malicieux, elle demanda : « alors, cette Joute… par quoi on commence? 
— Par qui, tu veux dire! »
Le maître et l’élève passèrent des heures à comploter à mots couverts. Le cœur de Félicia pouvait bien ronronner : elle n’avait jamais encore été en relation avec un homme avec qui elle partageait autant d’intérêts communs.

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