dimanche 13 juin 2010

Épisode 124 : Révélations, 1re partie


Édouard fit comme « Aleksi » lui avait demandé : il trempa ses lèvres à nouveau dans le liquide divin. Un nouveau frisson vint fouetter sa peau. Il ressentait une profonde empathie pour le jeune homme sur le lit, comme s’il l’avait toujours connu. Il se sentait si bien!
 « Je m’appelle Eleftherios Avramopoulos.
— Enchanté Eleftherios, moi c’est Édouard. » L’échange avait un je-ne-sais quoi d’absurde qui transforma le petit rire doux en fou rire. Une fois calmé, Édouard poursuivit : « Donc, Gordon?
— Gordon, c’est Gordon » répondit l’autre d’un ton enjoué. « C’est mon ancien étudiant.
Ton étudiant? 
— Oui, mon étudiant. 
— Je ne comprends pas.
— Il faut commencer par le commencement…
— Oui, c’est la meilleure place où commencer… Une chose à la fois…
— Des fois, une chose à la fois, c’est trop! »
Les deux se fixèrent un instant avec un air interloqué. Puis ils explosèrent de rire. 
Édouard retrouva le calme le premier. « Le commencement?
— Ah, oui. Hmmm, par où commencer.
— Si vous vous connaissez déjà, pourquoi toute cette mascarade avec Alexandre et la photo?
— Ah, ça, ça n’était pas à propos de Gordon et moi. C’était pour voir si Alexandre avait ce qu’il faut.
— Ce qu’il faut pour…?
— Pour retenir mon intérêt, disons.
— Mais Gordon a bien inventé l’Orgasmik?
— À peu près aucun doute là-dessus.
— Mais dans quel but?
— Quoi, dans quel but? Est-ce que l’argent ne suffit pas?
— En théorie, oui, mais… Il y a quelque chose de louche là-dedans. Philippe est très, très avare. Il n’aurait pas embarqué sans une grosse part du gâteau. Il faut donc que Gordon ait été prêt à lui laisser cette part… »
Eleftherios avait les yeux grands ouverts; apparemment, la logique d’Édouard l’impressionnait. « Continue…
— Semble-t-il que les choses ont changé, mais lorsque l’Orgasmik a été écoulée dans La Cité pour la première fois, c’était par d’autres canaux que le crime organisé, ce qui est étonnant considérant la place qu’avait le clan Lytvyn…
— Pas mal du tout! Pas mal du tout!
— Donc… Quel est son vrai but?
— Mon opinion, c’est qu’il veut démocratiser l’usage des drogues illégales.
— Heu…
— Mais j’imagine que le but de ta battue d’aujourd’hui, c’était d’abord de savoir comment il a fait pour que tu te perdes en chemin à chaque fois que tu approchais son bureau.
— OUI! Merci! Enfin! Alors?
— Je ne sais pas.
— Comment, tu ne sais pas? Tu viens de me dire que c’était ton étudiant!
— Écoute, ça fait un bon moment qu’il a gradué; même à l’époque, c’était mon meilleur élève. Nous innovons tous dans le domaine particulier dans lequel nous œuvrons, mais Gordon est très créatif… C’est une adaptation d’un truc assez simple… Tiens : lorsque Hoshmand fait connaître sa présence, il te surprend toujours, hein? Tu ne l’avais pas vu venir?
— Cent pour cent des cas.
— C’est le même genre de truc. On peut cacher des gens, mais aussi des lieux et des choses… Ce que je ne saisis pas, c’est comment il a pu en faire un dispositif sélectif qui ne requiert pas sa présence.
— Au juste…
— Quoi donc?
— Dans quel domaine œuvrez-vous, Gordon, Hoshmand et toi? Et qui d’autre?
— Tu sais Édouard, je t’aime bien. Je pourrais te le dire, mais…
— Mais quoi?
— Je devrai te tuer après! »
Édouard était beaucoup trop confus pour dire s’il blaguait ou s’il était sérieux. Aleksi / Eleftherios l’avait dit avec le même sourire qui ne les avait pas quittés…  mais aussi avec un pétillement étrange dans ses yeux.

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