Maintenant en public, il ne pouvait plus céder à la
tentation de l’onanisme; il n’était toutefois pas encore délivré de cette
surexcitation qui l’avait emporté sans raison apparente. L’air frais lui
permettrait à tout le moins de maintenir une certaine distance face à ses
émotions… Enfin, il l’espérait.
Il se retrouva à attendre le signal du passage piétonnier
juste derrière deux jeunes femmes qui bavardaient en riant. Leur seule voix vint
encore nourrir le désir qu’il ressentait. L’érection qui ne l’avait toujours
pas quitté se vivifia encore. Il dut ajuster son sexe pour dissimuler ce signe
trop visible de son état interne… Sans qu’il ne l’ait réellement souhaité, son
regard dériva vers les filles en suivant la ligne de leurs corps, de leurs
chaussures jusqu’à leurs coiffures si… féminines. Chaque centimètre de leur
corps créait chez Édouard un émoi réel où se mêlaient admiration et convoitise.
Il les imagina sans peine en train de s’embrasser comme les blondes du film qu’il
avait fui, se caressant en attendant qu’il les rejoigne… Il se dit que ces filles
étaient bien trop jolies et complices pour n’avoir jamais été tentées par ce
genre de rapprochements… Peut-être même qu’elles le faisaient déjà! Il fit un
pas pour les aborder et partager avec elles ces bonnes idées.
Elles s’éloignèrent au même instant : c’était au tour
des piétons de traverser la rue. Un homme vint trancher la ligne de mire d’Édouard
qui réalisa brusquement comment ses pensées avaient dérapé. Il était passé à
deux doigts de se couvrir de ridicule!
Il accéléra le pas en gardant les yeux baissés afin de se
donner quelques minutes pour réfléchir sans distraction. Il agissait comme s’il
était ivre, non pas d’alcool mais de désir; il sentait – il savait – qu’il pouvait perdre le
contrôle sur ses impulsions. L’idée d’aborder des étrangères pour suggérer une
baise à trois était absurde, il le savait… Pourtant, il s’était apprêté à le
faire. Il devait se méfier de ces « bonnes idées » impulsives…
Édouard était terrorisé à l’idée que cet état perdure encore
longtemps. Ou pire, qu’il s’accentue. Sans savoir comment c’était possible,
Édouard se doutait qu’Aleksi était responsable de cette situation fâcheuse. Il
avait su comment rayer une soirée complète de sa mémoire en lui dictant à la
manière d’un hypnotiseur… Était-ce une nouvelle manifestation de la même
technique? Le professeur Lapointe lui avait assuré qu’il ne pouvait être
hypnotisé à son insu. Néanmoins, tout indiquait que…
« Édouard? »
Il sursauta en entendant son nom prononcé par cette voix au
timbre si familier. Geneviève descendait un escalier un peu plus loin sur la
neuvième avenue. Édouard ne l’avait jamais vue si resplendissante : le
moindre geste exsudait la sensualité, les expressions de son visage étaient si
charmantes… Il était d’autant plus facile d’imaginer son corps sous ses
vêtements qu’il en connaissait parfaitement le moindre détail.
Édouard balbutia une salutation. Il se sentait comme un
adolescent maladroit devant la fille la plus populaire de son école. Il demanda :
« Qu’est-ce que tu fais dans le coin?
— Je me suis trouvé un travail », fit-elle en pointant
l’endroit d’où elle venait de sortir en rougissant comme une tomate. C’était
très sexy. L’édifice n’affichait aucun indice quant à sa nature, sinon le
numéro correspondant à son adresse : 1587.
« Je suis crevée, je viens de finir un double shift… Les enfants sont chez maman. Je
suis en congé demain. Je vais tellement dormir! »
Édouard ne répondit pas, l’esprit submergé d’images
déferlantes et de scénarios extravagants. Elle dut remarquer qu’il la
déshabillait du regard. Elle demanda : « Édouard, est-ce que ça va?
Tu as l’air… intense.
— Je, heu, hum, non, je me sens juste, drôle… »
Un silence malaisé s’installa entre eux. Édouard s’entendit
dire : « Mon appartement est à deux coins de rue…
— Oui, je sais… » Elle rougit encore en repoussant une
mèche de cheveux derrière son oreille. Tellement sexy. « Je sais que j’aurais
pu aller te voir… Et que c’est toujours toi qui viens chercher les filles. Mais
je suis pas mal occupée ces temps-ci…
— Je ne disais pas ça comme un reproche…
— Oh.
— Je me disais que ça te ferait du bien de prendre un verre
avant d’aller te coucher… »
Elle regarda sa montre. « D’accord pour un verre… Mais
juste un, je ne resterai pas longtemps, ok? »
Édouard se contenta de sourire et de lui montrer le chemin.
De retour chez lui, il versa deux verres de rhum et coke
pendant que Geneviève explorait les lieux d’un air dubitatif. Elle accepta son
verre avec un sourire; alors qu’elle le portait à ses lèvres, Édouard passa son
bras à l’intérieur de celui de Geneviève pour boire à la manière des amoureux.
Geneviève sursauta, mais elle ne se rebiffa pas. Il déposa son verre et
empoigna Geneviève en lui mettant une main sur la nuque et une main au creux du
dos. Lorsqu’il l’attira pour l’embrasser, Geneviève resta figée par la
surprise, comme une biche devant les phares d’une voiture. Le souffle court,
elle posa une main sur sa poitrine pour le repousser doucement. « Édouard,
es-tu high? » Sa lèvre tremblait légèrement.
« Je ne t’ai jamais autant désirée », susurra-t-il
à son oreille. C’était la vérité absolue. Il sentit la réticence de Geneviève
fondre. Il l’embrassa à nouveau, mais cette fois, elle retourna son geste avec
une fougue qui décupla encore la sienne.
Il leur fallut moins de trois minutes pour se retrouver
enlacés et nus sur le carrelage de la cuisine.
Content d’avoir finalement un exutoire pour canaliser toutes
ses pulsions, Édouard déferla sur elle à la manière d’un tsunami. Il se
découvrit habité d’une énergie apparemment inépuisable… Même l’orgasme
n’apportait qu’un bref répit à son excitation; pire encore, chacun rendait le
suivant plus difficile à atteindre, de sorte que les moments d’accalmie
devinrent de plus en plus espacés à mesure que les heures avançaient. Entre
chacun, il retrouvait cet état second qui interdisait toute réflexion, dans un
monde entièrement fait d’excitation et de sensualité…
Durant les premiers temps, Geneviève avait pris plaisir à
mener leur danse charnelle… Elle avait manifestement appris quelques trucs
depuis leur séparation. L’idée qu’elle ait pu élargir ses horizons auprès d’autres
partenaires l’aurait agacé en d’autres temps; dans son état d’esprit actuel,
imaginer Geneviève baisée par d’autres hommes l’allumait davantage.
Au fil des heures toutefois, la fatigue ralentit leur
cadence. Geneviève devint de plus en plus passive; elle ferma les yeux et s’abandonna
à ses sensations, apparemment elle aussi dans un état second de plaisirs
lascifs.
Malgré la fatigue, l’enthousiasme d’Édouard n’était en rien
diminué. Ses muscles endoloris rendaient ses mouvements difficiles; son sexe
irrité ajoutait une dose de souffrance au plaisir de la pénétration. Douleur ou
pas, il n’avait aucune intention d’arrêter.
Combien de fois avait-il joui? Il avait perdu le compte
quelque part au milieu de la nuit. Mais la dernière fois fut au moment où le
soleil commençait à illuminer la chambre… Alors que Geneviève avait passé un
long moment dans une transe quasi immobile, elle s’anima soudainement en lui
empoignant les hanches, en l’encourageant dans son mouvement, en lui suggérant
subtilement un rythme… Il s’adapta sans hésiter, stimulé par cette nouvelle réaction.
Alors qu’il suivait ses instructions muettes, la peau de Geneviève devint
rosée, puis carrément rouge; elle se mit à gémir, à râler, à hurler. Leurs
relations sexuelles passées n’avaient jamais été le théâtre de pareilles expressions.
Contre toute attente, l’excitation d’Édouard atteint un nouveau sommet. Il
sentit son orgasme poindre à nouveau avant que tout disparaisse dans un éclair
de sensations. À bout de souffle, il se laissa rouler à côté du corps tout chaud
de son ex-femme. Il lui fallut quelques secondes pour remarquer qu’elle
sanglotait. La réalisation eut le même effet que la douche froide. « Qu’est-ce
qui se passe? Est-ce que je t’ai fait mal? »
Geneviève essuya ses larmes. Elle tenta de lui répondre,
mais chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, elle était traversée d’une nouvelle
vague de sanglots.
Au prix d’un effort, elle dit finalement : « J’ai
joui… » Édouard comprit alors qu’il ne s’agissait pas de larmes de douleur
ou de tristesse. « J’ai joui pour vrai… » Elle pleurait de bonheur.
Son érection revint instantanément, mais il se contenta de
se blottir contre elle jusqu’à ce que le sommeil les emporte enfin.
Il y a bien longtemps que je n'ai pas laissé de commentaires, j'en suis désolé! La mi-session passe hélas avant tout! Un capitre chaud qui laisse apparaître une nouvelle problématique. La drogue O aura-t-elle une influence là-dessus? J'ai bien hâte de voir le point de vue d'Alexis, il a sans doute quelque chose à voi la-dedans!
RépondreSupprimerBref, continuez, c'est une histoire vraiment passionnante!