dimanche 6 mars 2011

Épisode 160 : Surexcité, 2e partie

Édouard s’en alla d’un pas vif, les mains enfoncées dans ses poches, la tête encore remplie des images pornographiques qu’il laissait derrière lui.
Maintenant en public, il ne pouvait plus céder à la tentation de l’onanisme; il n’était toutefois pas encore délivré de cette surexcitation qui l’avait emporté sans raison apparente. L’air frais lui permettrait à tout le moins de maintenir une certaine distance face à ses émotions… Enfin, il l’espérait.
Il se retrouva à attendre le signal du passage piétonnier juste derrière deux jeunes femmes qui bavardaient en riant. Leur seule voix vint encore nourrir le désir qu’il ressentait. L’érection qui ne l’avait toujours pas quitté se vivifia encore. Il dut ajuster son sexe pour dissimuler ce signe trop visible de son état interne… Sans qu’il ne l’ait réellement souhaité, son regard dériva vers les filles en suivant la ligne de leurs corps, de leurs chaussures jusqu’à leurs coiffures si… féminines. Chaque centimètre de leur corps créait chez Édouard un émoi réel où se mêlaient admiration et convoitise. Il les imagina sans peine en train de s’embrasser comme les blondes du film qu’il avait fui, se caressant en attendant qu’il les rejoigne… Il se dit que ces filles étaient bien trop jolies et complices pour n’avoir jamais été tentées par ce genre de rapprochements… Peut-être même qu’elles le faisaient déjà! Il fit un pas pour les aborder et partager avec elles ces bonnes idées.
Elles s’éloignèrent au même instant : c’était au tour des piétons de traverser la rue. Un homme vint trancher la ligne de mire d’Édouard qui réalisa brusquement comment ses pensées avaient dérapé. Il était passé à deux doigts de se couvrir de ridicule!
Il accéléra le pas en gardant les yeux baissés afin de se donner quelques minutes pour réfléchir sans distraction. Il agissait comme s’il était ivre, non pas d’alcool mais de désir; il sentait – il savait – qu’il pouvait perdre le contrôle sur ses impulsions. L’idée d’aborder des étrangères pour suggérer une baise à trois était absurde, il le savait… Pourtant, il s’était apprêté à le faire. Il devait se méfier de ces « bonnes idées » impulsives…
Édouard était terrorisé à l’idée que cet état perdure encore longtemps. Ou pire, qu’il s’accentue. Sans savoir comment c’était possible, Édouard se doutait qu’Aleksi était responsable de cette situation fâcheuse. Il avait su comment rayer une soirée complète de sa mémoire en lui dictant à la manière d’un hypnotiseur… Était-ce une nouvelle manifestation de la même technique? Le professeur Lapointe lui avait assuré qu’il ne pouvait être hypnotisé à son insu. Néanmoins, tout indiquait que…
« Édouard? »
Il sursauta en entendant son nom prononcé par cette voix au timbre si familier. Geneviève descendait un escalier un peu plus loin sur la neuvième avenue. Édouard ne l’avait jamais vue si resplendissante : le moindre geste exsudait la sensualité, les expressions de son visage étaient si charmantes… Il était d’autant plus facile d’imaginer son corps sous ses vêtements qu’il en connaissait parfaitement le moindre détail.
Édouard balbutia une salutation. Il se sentait comme un adolescent maladroit devant la fille la plus populaire de son école. Il demanda : « Qu’est-ce que tu fais dans le coin? 
— Je me suis trouvé un travail », fit-elle en pointant l’endroit d’où elle venait de sortir en rougissant comme une tomate. C’était très sexy. L’édifice n’affichait aucun indice quant à sa nature, sinon le numéro correspondant à son adresse : 1587.
« Je suis crevée, je viens de finir un double shift… Les enfants sont chez maman. Je suis en congé demain. Je vais tellement dormir! »
Édouard ne répondit pas, l’esprit submergé d’images déferlantes et de scénarios extravagants. Elle dut remarquer qu’il la déshabillait du regard. Elle demanda : « Édouard, est-ce que ça va? Tu as l’air… intense. 
— Je, heu, hum, non, je me sens juste, drôle… »
Un silence malaisé s’installa entre eux. Édouard s’entendit dire : « Mon appartement est à deux coins de rue…
— Oui, je sais… » Elle rougit encore en repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille. Tellement sexy. « Je sais que j’aurais pu aller te voir… Et que c’est toujours toi qui viens chercher les filles. Mais je suis pas mal occupée ces temps-ci…
— Je ne disais pas ça comme un reproche…
— Oh.
— Je me disais que ça te ferait du bien de prendre un verre avant d’aller te coucher… »
Elle regarda sa montre. « D’accord pour un verre… Mais juste un, je ne resterai pas longtemps, ok? »
Édouard se contenta de sourire et de lui montrer le chemin.
De retour chez lui, il versa deux verres de rhum et coke pendant que Geneviève explorait les lieux d’un air dubitatif. Elle accepta son verre avec un sourire; alors qu’elle le portait à ses lèvres, Édouard passa son bras à l’intérieur de celui de Geneviève pour boire à la manière des amoureux. Geneviève sursauta, mais elle ne se rebiffa pas. Il déposa son verre et empoigna Geneviève en lui mettant une main sur la nuque et une main au creux du dos. Lorsqu’il l’attira pour l’embrasser, Geneviève resta figée par la surprise, comme une biche devant les phares d’une voiture. Le souffle court, elle posa une main sur sa poitrine pour le repousser doucement. « Édouard, es-tu high? » Sa lèvre tremblait légèrement.
« Je ne t’ai jamais autant désirée », susurra-t-il à son oreille. C’était la vérité absolue. Il sentit la réticence de Geneviève fondre. Il l’embrassa à nouveau, mais cette fois, elle retourna son geste avec une fougue qui décupla encore la sienne.
Il leur fallut moins de trois minutes pour se retrouver enlacés et nus sur le carrelage de la cuisine.
Content d’avoir finalement un exutoire pour canaliser toutes ses pulsions, Édouard déferla sur elle à la manière d’un tsunami. Il se découvrit habité d’une énergie apparemment inépuisable… Même l’orgasme n’apportait qu’un bref répit à son excitation; pire encore, chacun rendait le suivant plus difficile à atteindre, de sorte que les moments d’accalmie devinrent de plus en plus espacés à mesure que les heures avançaient. Entre chacun, il retrouvait cet état second qui interdisait toute réflexion, dans un monde entièrement fait d’excitation et de sensualité…
Durant les premiers temps, Geneviève avait pris plaisir à mener leur danse charnelle… Elle avait manifestement appris quelques trucs depuis leur séparation. L’idée qu’elle ait pu élargir ses horizons auprès d’autres partenaires l’aurait agacé en d’autres temps; dans son état d’esprit actuel, imaginer Geneviève baisée par d’autres hommes l’allumait davantage.
Au fil des heures toutefois, la fatigue ralentit leur cadence. Geneviève devint de plus en plus passive; elle ferma les yeux et s’abandonna à ses sensations, apparemment elle aussi dans un état second de plaisirs lascifs.  
Malgré la fatigue, l’enthousiasme d’Édouard n’était en rien diminué. Ses muscles endoloris rendaient ses mouvements difficiles; son sexe irrité ajoutait une dose de souffrance au plaisir de la pénétration. Douleur ou pas, il n’avait aucune intention d’arrêter.
Combien de fois avait-il joui? Il avait perdu le compte quelque part au milieu de la nuit. Mais la dernière fois fut au moment où le soleil commençait à illuminer la chambre… Alors que Geneviève avait passé un long moment dans une transe quasi immobile, elle s’anima soudainement en lui empoignant les hanches, en l’encourageant dans son mouvement, en lui suggérant subtilement un rythme… Il s’adapta sans hésiter, stimulé par cette nouvelle réaction. Alors qu’il suivait ses instructions muettes, la peau de Geneviève devint rosée, puis carrément rouge; elle se mit à gémir, à râler, à hurler. Leurs relations sexuelles passées n’avaient jamais été le théâtre de pareilles expressions. Contre toute attente, l’excitation d’Édouard atteint un nouveau sommet. Il sentit son orgasme poindre à nouveau avant que tout disparaisse dans un éclair de sensations. À bout de souffle, il se laissa rouler à côté du corps tout chaud de son ex-femme. Il lui fallut quelques secondes pour remarquer qu’elle sanglotait. La réalisation eut le même effet que la douche froide. « Qu’est-ce qui se passe? Est-ce que je t’ai fait mal? »
Geneviève essuya ses larmes. Elle tenta de lui répondre, mais chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, elle était traversée d’une nouvelle vague de sanglots.
Au prix d’un effort, elle dit finalement : « J’ai joui… » Édouard comprit alors qu’il ne s’agissait pas de larmes de douleur ou de tristesse. « J’ai joui pour vrai… » Elle pleurait de bonheur.
Son érection revint instantanément, mais il se contenta de se blottir contre elle jusqu’à ce que le sommeil les emporte enfin. 

1 commentaire:

  1. Il y a bien longtemps que je n'ai pas laissé de commentaires, j'en suis désolé! La mi-session passe hélas avant tout! Un capitre chaud qui laisse apparaître une nouvelle problématique. La drogue O aura-t-elle une influence là-dessus? J'ai bien hâte de voir le point de vue d'Alexis, il a sans doute quelque chose à voi la-dedans!

    Bref, continuez, c'est une histoire vraiment passionnante!

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