dimanche 31 mai 2015

Le Nœud Gordien, Épisode 372 : Le conquérant

Alexandre se tourna sur le côté sans ouvrir les yeux. Il rêvait un instant auparavant; il avait envie de rêver encore. Il tira les couvertures jusqu’à son menton.
« T’es réveillé », dit une voix féminine provenant de l’autre moitié du lit, l’ancrant du coup au monde de l’éveil. Il ouvrit les yeux. Il était à peine midi; il avait besoin de dormir encore.
« À moitié », concéda-t-il. « Toi, ça fait longtemps?...
— Une heure ou deux. Je ne travaille pas de nuit, moi… »
Il allait lui rappeler qu’elle ne travaillait pas du tout, mais son envie de répliquer disparut lorsqu’il se tourna vers elle.
À peu près toutes les filles qu’Alexandre avait connues se plaignaient de leur apparence au lever. Sabrina devait être comme les autres, mais dans son cas, ç’aurait été un mensonge. Il est vrai que ses cheveux, qu’elle lissait avec minutie, avaient été ébouriffés par l’oreiller, d’autant plus qu’ils s’étaient endormis en sueur, après une baise du tonnerre. Même ses cheveux en bataille semblaient avoir été posés là par un styliste soucieux du détail. Son corps parfait n’était caché que par une petite culotte. Une toute petite culotte…
Alexandre allait lui dire quelque chose, mais il n’aurait pas pu s’en souvenir si sa vie en dépendait.
« Quoi? », dit-elle sans lever les yeux du téléphone qu’elle tenait à la main.
« Rien », dit-il en s’avançant pour l’embrasser dans le cou. Elle eut un mouvement de recul. Alexandre ne comprendrait jamais les femmes… Elle était tellement chatte hier, tellement intense qu’elle semblait vouloir l’avaler tout rond… Et là? Un vent glacial. Il devinait la suite…
« Est-ce que tu embrasses toutes les filles dans le cou? » Bingo.
Sans dire un mot, Alexandre battit en retraite… Hors du lit. Il passa à la cuisine et entama la préparation du café. Il ne s’était pas beaucoup éloigné – son appartement était minuscule –, mais c’était déjà quelque chose.
Après un moment de silence lourd, Sabrina vint le rejoindre. Elle avait enfilé sa camisole. Tant mieux : ce n’aurait pas été chose facile de jouer l’indifférence avec pareille poitrine sous les yeux. Il fit comme s’il ne l’avait pas remarquée.
« Écoute... Je m’excuse. » Il maintint le silence, apparemment absorbé par la mesure de la quantité exacte de café à mettre dans la machine. « Tu vas encore me dire que tu as été clair dès le départ… C’est juste que… » Elle se mit à mordiller le bout de son pouce, incapable de finir sa phrase. Le geste était craquant. La fille était craquante de A à Z.
Elle inspira et exhala profondément. « J’ai passé une super soirée, hier. »
— Moi aussi », répondit-il en toute sincérité.
« Je devrais apprendre à profiter de ce que j’ai, plutôt que me morfondre sur ce que je n’ai pas… »
Il l’approcha et posa une main sur son épaule, l’autre sur sa joue. « Sab… Toi et moi, on vit quelque chose de spécial… » Un sourire apparut sur ses jolies lèvres. Elle le serra dans ses bras. Il sentit le désir monter.
« Je sais que je ne devrais pas… Mais je m’attache…
— Tu peux t’attacher… », répondit Alexandre. Elle échappa un rire plein de dérision. « Quoi?
— M’attacher? Avec un gars qui saute dans le lit d’une fille après l’autre?
— Sab… Tu le sais que ce n’est pas comme ça que…
— Est-ce que tu couches avec Maélie aussi? J’ai bien vu comment elle te regarde… 
— Je ne raconte pas à personne ce que nous vivions, toi et moi, alors…
— Je sais! Je sais! Et c’est pratique : comme ça, tu ne me dis pas ce que tu vis avec elle
— Sab. Je n’ai jamais couché avec Maélie. » La jeune femme le scruta un instant, à la recherche d’un indice pour décider s’il bluffait ou non. Il disait la vérité… Le sexe oral, ce n’est pas vraiment coucher avec quelqu’un, n’est-ce pas? Sabrina avait posé la question au bon moment. Au rythme où allaient les affaires avec Maélie, d’ici quelques jours, la réponse aurait été différente… Et encore heureux qu’elle ne l’aie pas interrogé sur ses rapports avec Laurence. Sabrina la trouvait sans doute moins jolie, donc moins menaçante… Grave erreur. Une fois échauffée, cette fille était une vraie bombe au lit.
Sabrina se détendit, lui fit un sourire et l’étreignit à nouveau. « Si tu as envie, je serais prête pour ma méditation dirigée. Ça me fait tellement de bien… Je sens qu’on connecte, toi et moi…
— Plus tard, d’accord? Je manque encore un peu de sommeil », répondit Alexandre. « Moi, c’est toi qui me fait du bien. » Il l’embrassa longuement; leur respiration s’accéléra, infusée par la passion. Il tira la camisole au-dessus de sa tête, révélant à nouveau ses seins si bandants. « Je te veux tellement, Sab… »
Elle s’éloigna de quelques centimètres pour mieux regarder son visage. « Moi aussi », dit-elle, toute frémissante de désir. Son ton recelait une certaine tension… Déception? Frustration? Elle me veut… mais pour elle seule.
S’il avait su les bénéfices qu’il en tirerait, il se serait mis à enseigner la magie bien avant… Quoique jongler trois relations simultanées était loin de la sinécure qu’il avait espérée. Chacune voulait être sa préférée, ou mieux encore la seule… Tandis que lui ne rêvait que d’être avec elles en même temps.
Pas toujours facile, la vie de gourou…

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