dimanche 27 novembre 2011

Le Noeud Gordien à la radio!

L'émission La capitale blogue sur les ondes de CKRL parle du Noeud Gordien dans son émission du 27 novembre!

Malheureusement, je ne peux pas dire que l'extrait qui est lu dans les ondes serve bien ma cause - pour quelqu'un qui n'est pas familier avec mes noms qui valent cher au Scrabble, c'est décourageant. Mais bon! Je ne m'en plaindrai quand même pas! :)

Le Noeud Gordien, épisode 198 : Accusations, 2e partie

Tricane se tenait à une extrémité du Terminus, les poings serrés, la posture menaçante. De l’autre côté, Hoshmand, Polkinghorne et Avramopoulos ressemblaient aux cowboys des vieux westerns, encore immobiles mais prêts à dégainer.
Eleftherios aurait voulu embarrasser Gordon en disciplinant son élève à sa place. S’il devait oublier cette intention – en tant que maître, elle portait la responsabilité de ses gestes –, il devait toujours faire respecter les termes de la grande trêve. « Que tu sois maître ou adepte, ou même membre des Seize, tu dois répondre de tes gestes! 
— Certains diraient que je ne suis pas connue pour la rationalité de mes actions », répondit-elle d’un ton ironiquement posé. « Bien sûr que je réponds de mes gestes. Je les assume. Je me demande même pourquoi vous avez pris tout ce temps avant de réagir. »
Eleftherios pinça les lèvres. Voilà qu’elle lui tapait sur les doigts pour sa propre faute!
« Vas-tu cesser tes pratiques qui déshonorent nos traditions?
— Pah! Gardez-les pour vous, vos traditions! C’est vous qui m’avez déshonorée, brisée, abandonnée gisant dans ma pisse sans vous soucier que je vive ou je meure…
— Tu dois accepter la censure, sans quoi…
— Sans quoi quoi?
— Si tu continues de risquer d’exposer nos secrets, je n’aurai d’autre choix que de te contraindre au silence. »
Un lourd silence enveloppa le Terminus, brisé seulement par le claquement rythmique d’une porte du Terminus que le vent tirait puis poussait sans cesse.
Tricane éclata subitement d’un rire à glacer le sang.
« Me contraindre au silence! Me contraindre au silence! Ah ah! Mais allez-y : contraignez-moi! »
La répartie assassine qui se formait dans l’esprit d’Eleftherios fut soufflée par une distraction de taille. Tricane avait levé le poing; une sorte de lumière s’agglomérait autour de lui, comme si des lucioles éthérées jaillissaient de nulle part pour s’y poser. La lueur avait précisément la même couleur que celle qui apparaissait au moment où la Joute était jouée.
C’est une illusion. Elle a développé des trucs pour tirer profit du Cercle de Harré. Ça ne peut être qu’une illusion…
Tricane dirigea son poing vers le trio et…
Plus rien.

Eleftherios sursauta en reprenant conscience de son environnement. Après une seconde d’affolement, il reconnut sa nouvelle chambre du Centre-Sud. « Que s’est-il passé? », demanda-t-il à voix haute. Il n’en avait absolument aucune idée. Personne ne lui répondit, mais il entendit que quelqu’un venait à sa rencontre.
Polkinghorne passa la porte, l’air troublé. « Que s’est-il passé? », répéta Avramopoulos. « Je ne me souviens de rien après le Terminus. Elle nous a menacés…
— Puis elle a projeté cette espèce d’énergie que je ne réussis pas à m’expliquer… Elle te visait, mais Hoshmand a bondi devant in extremis
— Est-il… »
Polkinghorne grimaça. « Tu as été plongé dans un état d’hébétude, mais Hoshmand s’est retrouvé comme pris d’une crise d’épilepsie… Je sais reconnaître quand une partie est perdue; je me suis retiré en vous traînant hors du Terminus. Nous sommes revenus il y a dix minutes à peine. »
Ils entendirent une sorte de grognement s’élever dans la chambre voisine. « Ça doit être lui. Il était encore inconscient il y a une minute. »
Eleftherios bondit sur ses pieds et passa de l’autre côté. Il se préoccupait moins du sort de Hoshmand que de ce qu’il pouvait lui apprendre à propos de ce qui les avait frappés.
Hoshmand était recroquevillé sur le lit, les vêtements abrasés – Polkinghorne l’avait littéralement tiré jusqu’à la rue; il fixait l’infini, les yeux éteints. Il ne bougea pas lorsque Polkinghorne et Avramopoulos le rejoignirent. Il se contenta de dire, d’une voix inexpressive : « Je ne la sens plus…
— Quoi? Qu’est-ce que tu ne sens plus? »
Hoshmand regarda Eleftherios droit dans les yeux.
« L’acuité. J’ai perdu l’acuité. » 

dimanche 20 novembre 2011

Le Noeud Gordien, épisode 197 : Accusations, 1re partie

C’est avec une grande satisfaction qu’Eleftherios Avramopoulos se mit en marche vers le cœur du Centre-Sud, Hoshmand à sa droite et Polkinghorne à sa gauche.
Ils franchirent moins d’un kilomètre avant d’entrer au cœur de la zone radiesthésique. Ils avaient bien sûr désactivé leurs protections habituelles par craintes qu’elles se détraquent, mais Avramopoulos conservait quand même sa statuette dans sa poche, un filet de sûreté en cas d’imprévu – à condition qu’elle fonctionne normalement. Sinon, Hoshmand portait au creux de l’aisselle une protection d’un autre genre.
Apparemment, l’élève de Gordon qui n’avait pas daigné participer au dernier engagement de la Joute brisait les termes de la grande trêve. Elle disait aux gens leurs quatre vérités et en guérissant leurs petits maux; bref, elle jouait le même jeu que tous les illuminés, gourous et autres bonimenteurs de l’histoire. Pour cette raison, la brèche demeurait mineure, à une exception près : la réalité de ses pouvoirs. Si elle continuait sur sa lancée, elle aurait tôt fait d’attirer une notoriété qui l’obligerait à exposer ses secrets.
Gordon ne l’avait pas arrêtée, il ignorait donc la faute de son élève. C’est pourquoi Eleftherios jubilait intérieurement : en la disciplinant à la place de Gordon, il pouvait le blâmer de négligence. Un reproche légitime donne toujours un certain ascendant sur le blâmé; après sa triple défaite dans le cercle de Joute, c’était une petite victoire bienvenue pour Eleftherios.
Le Terminus avait dû être le moyeu du quartier à une autre époque : tous les chemins semblaient y mener. Par ailleurs, Avramopoulos remarqua que les environs étaient plus achalandés que les autres zones du Centre-Sud, pratiquement désertées. Il en fit une note mentale : peut-être que Hoshmand pourrait s’en servir de quelque manière pour réussir son défi.
Ils contournèrent la statue de bronze verdi qui reposait à côté de son socle pour rejoindre le bâtiment central. Hoshmand poussa la grande porte du Terminus d’un coup de pied. Les trois entrèrent d’un pas décidé.
Tricane s’y trouvait effectivement, assise en tailleur sur un dais. Des éléments de sa panoplie rituelle étaient disposés ici et là autour d’elle. Il ne lui manquait qu’un sari pour parfaire son image de gourou de pacotille.
Ce manque de respect flagrant pour leurs traditions mit Avramopoulos en rogne.
« Sortez », dit Tricane à la trentaine d’individus qui l’entouraient, facilitant du coup la suite des choses pour Avramopoulos et ses alliés. Tous se mirent en mouvement sans rouspéter ni poser de question; tous sauf un jeune homme au teint olivâtre des méditerranéens. « Toi aussi, Timothée », ajouta-t-elle. Il hésita un instant mais alla fermer la queue qui sortait du côté des quais, ses yeux toujours braqués sur Avramopoulos. Ce garçon était sans conséquence : il l’ignora jusqu’à ce qu’il ait fermé les portes derrière lui.
« Adepte, je t’accuse d’avoir brisé les termes de la grande trêve en pratiquant publiquement ce qui devrait demeurer caché. Qu’as-tu à dire contre ces accusations?
— J’exige que tu t’adresses à moi convenablement. »
Avramopoulos savait qu’il avait affaire à une femme à moitié folle; elle allait vite découvrir qu’il ne partageait pas la patience de Gordon. Il croisa les bras. « Qu’est-ce que cela signifie?
— Je ne suis plus une adepte… »
Il avait vu sa panoplie sans remarquer qu’elle était complète : elle portait l’anneau à son doigt, et une épée se trouvait aux côtés de la coupe et du bâton. Quand l’avait-elle obtenue?
« Je suis un maître, ceci est mon sanctuaire et nous ne sommes pas en trêve. Je vous accuse d’intrusion. » Elle se leva; la terre trembla légèrement mais significativement lorsque son pied toucha le sol. Le phénomène se reproduisit lorsqu’elle y déposa l’autre.
Polkinghorne fit un pas en arrière, effrayé; quoiqu’Avramopoulos ait conservé son sang-froid, il ne jubilait plus du tout.

dimanche 13 novembre 2011

Le Noeud Gordien, épisode 196 : Promiscuité

Félicia ouvrit l’œil après de longues minutes oisives à écouter les oiseaux gazouiller – ces oiseaux qui ignoraient qu’ils ne volaient jamais sous le soleil, mais plutôt sous le faux ciel d’une chambre secrète, un vase clos sous les rues de Tanger.
Sa camisole était encore due pour un lavage, et par ailleurs elle préférait demeurer couverte ces jours-ci. Elle enfila donc l’une des chemises prêtées par Kuhn; elle descendait presque jusqu’à ses genoux. Elle roula les manches en pestant une fois de plus contre son manque de prévoyance.
Son coup de tête lui permettait de séjourner dans l’antre de Kuhn, mais en même temps, il l’avait coupée de tout sauf ce qu’elle portait – même son sac à main était resté de l’autre côté de la baie vitrée. L’un des pires désagréments demeurait l’absence quasi totale de produits de beauté et d’hygiène. Elle pouvait assurément vivre sans maquillage, là n’était pas le problème. Mais le savon de Kuhn la laissait toute sèche; le poil de ses jambes et ses aisselles devenait si long que même sa blondeur ne pouvait plus le cacher…  Ses règles salissaient une quantité horrible de tissus qu’elle devait ensuite lessiver de ses mains – miraculeusement, son short avait été épargné cette fois. Elle connaissait déjà un truc pour alléger l’inconfort de ses crampes, mais elle s’était juré qu’elle développerait dès que possible un procédé capable de suspendre son cycle indéfiniment. Par ailleurs, coupé des pilules anovulantes qui l’accompagnaient depuis l’adolescence, celui-ci avait repris son rythme naturel. Au moins, ici, elle ne risquait pas de tomber enceinte… Pour l’instant.
Une fois habillée, elle se rendit jusqu’à la salle des archives sur la pointe des pieds.
La salle des archives. Il était difficile de concevoir plus précieux trésor que ce catalogue de savoirs. Plutôt que se fier à la bonne volonté de ses maîtres, ici, elle pouvait laisser libre cours à sa curiosité… Et choisir elle-même la nature de ses apprentissages.
Elle pensa à Catherine Mandeville qui refusait toujours de traverser dans la chambre secrète… Avait-elle vu les murs couverts d’inscriptions inaccessibles aux non-initiés? Avait-elle compris leur importance? Il est vrai que Mandeville était du nombre des Seize; peut-être que toutes ces connaissances n’étaient pour elle que lieux communs.
Une chose demeurait sûre : Félicia avait autant appris depuis son arrivée ici que durant toute l’année précédente, cette année qui, pourtant, avait été le théâtre de sa progression la plus marquée depuis son initiation.
Elle avait pris l’habitude de se purifier et méditer dès son lever, entourée des murs décorés de la sagesse des anciens. Elle commença ses ablutions en savourant son bien-être physique.
Elle avait vite découvert un autre désagrément de sa réclusion : Kuhn ne conservait aucune boisson de ce côté. En apprenant la nouvelle, la panique lui avait noué les entrailles. Elle avait passé sa première nuit à rouler dans son lit sans trouver le sommeil. Elle n’avait jamais réalisé la place prise par l’alcool dans son quotidien avant qu’elle n’ait été contrainte à s’en passer.
Ses premiers jours à sec s’étaient déroulés dans un état d’inconfort et d’anxiété – elle suait comme au sauna malgré l’air tempéré, et la constipation lui avait tordu les tripes d’une toute autre façon. Mais son corps avait vite réappris à vivre sans qu’on l’imbibe quotidiennement. Elle découvrit que ses réveils pénibles étaient moins le résultat de sa nature propre que des séquelles de sa routine. Elle préparait chaque soir le boulet qu’elle portait chaque matin jusqu’au midi – dans le meilleur des cas. Ses maîtres notaient depuis toujours sa progression rapide… Maintenant, ses nuits la reposaient vraiment, elle se réveillait pleine d’énergie plutôt que la bouche pâteuse et la tête dans un étau. Qu’aurait-elle pu accomplir sans toutes ces heures d’efficacité réduite!
En méditant, elle sentait d’ailleurs la proximité d’un nouveau déclic susceptible de la conduire à un nouveau degré de compréhension, d’habileté – d’acuité.
Elle fut tirée de ses explorations intérieures par une main froide sur son épaule. Le contact se fit insistant, une sorte de caresse maladroite. Elle sursauta en résistant à l’envie de bondir hors d’atteinte.
Kuhn – qui d’autre? – ressentit peut-être la contraction des épaules de Félicia : il retira sa main un instant plus tard. Quelques semaines auparavant, il veillait toujours à se tenir à l’opposée diamétrale de son invitée par crainte de contamination. La réalité charnelle de Félicia semblait en voie de triompher sur ses préoccupations illusoires : le geste ne pouvait être considéré sans importance.
« Je continue mon travail d’archive; va, va, finis ce que tu as commencé, tu pourras m’aider lorsque tu auras fini. » Félicia lui répondit avec un sourire pincé avant de retourner en elle-même pour y trouver sa sérénité détruite. Il la touchait aujourd’hui, que tenterait-il demain? Sachant qu’elle ne lui dirait jamais oui, il ne restait qu’à repousser le moment où elle lui dirait non.
Le trésor des archives justifiait qu’elle demeure ici, mais…
Que ferait-elle si, comme Espinosa, il décidait d’user de ses pouvoirs pour la manipuler, pour s’imposer en maintenant l’illusion du libre arbitre? 

dimanche 6 novembre 2011

Le Noeud Gordien, épisode 195 : Vendredi, 2e partie

« Y’a un gars qui harcèle les filles sur la piste de danse », aboya Mike aux oreilles d’un gigantesque videur en pointant Katzko.
« Moi, j’ai rien vu », répondit-il sur le même ton en haussant les épaules.
Les billets que Mike glissa dans la main du grand gaillard captèrent son intérêt. « Qui?
— Le gars avec les lunettes, là.
— Il était barré, lui! » Il signala à un collègue de l’autre côté de la piste de danse et en moins de deux, ils convergeaient vers lui comme des piranhas sur un steak.
Mike se réjouissait déjà du spectacle : les videurs en cours d’éviction tendaient à répondre avec une violence égale à la force de l’opposition qu’ils rencontraient. Il suffisait que Katzko résiste pour…
Mais non : il se laissa diriger – presque transporter – jusqu’à la sortie sans faire d’histoire, sans même perdre son sourire d’ivrogne, les gars juste derrière lui.
Il fit quelques pas sur le trottoir en fouillant dans ses poches. N’y trouvant rien, il arrêta un passant, puis un autre en leur demandant d’une voix traînante : « Heille, t’as pas une cigarette? »
Mike s’approcha de Katzko en s’efforçant de rester dans un angle mort. « Hey man, tu veux une cigarette? 
— C’est clair que je… ». Le poing de Mike le coupa abruptement.. L’impact le fit reculer de deux pas. Une branche de ses montures était toute tordue. Il toucha sa lèvre; du sang s’en écoulait. « C’est quoi ton ostie de problème?
— C’est toi notre problème », dit Djo en déployant toute la richesse de son sens de la répartie.
« Vous savez pas qui je suis », dit Katzko.
En massant ses jointures, Mike dit : « On l’sait t’es qui. Toi, sais-tu? » Les badauds s’approchaient déjà, curieux de la suite de l’altercation.
Katzko lorgna les trois un après l’autre à travers ses lunettes. Soudainement, il fit volte-face et prit ses jambes à son cou.
Les gars ne s’étaient pas attendus à ce que Katzko se dérobe ainsi, mais la surprise les retarda d’à peine quelques secondes. Comme leur proie était saoule et encore sonnée, son avance se rétrécit à chaque enjambée… Mais Katzko empoigna une fille et la poussa sur leur chemin de ses poursuivants. Elle portait des talons d’échassier; elle ne put se maintenir debout lorsque Rem la percuta. Elle l’emporta dans sa chute; les deux roulèrent sur le trottoir.
Katzko bifurqua pour traverser la rue. Il réussit à se faufiler entre les voitures dans un tonnerre de klaxons. Laissant Rem derrière, Djo et Mike firent de même avant que celles qui avaient freiné ne se remettent en mouvement. L’aplomb – l’ivresse? – de Katzko lui avait fait gagner une certaine avance.
Mike levait des poids mais dédaignait l’entraînement cardio; la course avait déjà tiré tout son jus. Heureusement, Djo, lui, ne ralentissait pas.
Katzko vira à 90 degrés pour s’élancer dans une ruelle. On le tient, se dit Mike. Les allées du Centre étaient clôturées pour la plupart...
Djo disparut à son tour au coin. Avant que Mike n’y soit, un fracas jaillit de la ruelle.
Mike tourna le coin pour découvrir Djo gisant en petit bonhomme, les mains sur la tête pour se protéger des coups. Katzko avait trouvé une barre de métal dans les détritus qui obstruaient le sol. Malheureusement, dans la pénombre, Mike ne vit rien qui pourrait l’armer pareillement.
Cette barre de fer changeait tout. Les prédateurs devenaient proies. Katzko se désintéressa de Djo, hors d’état de nuire, pour se tourner vers Mike avec une expression menaçante. « T’es qui, déjà? », demanda-t-il en frappant sa paume avec son arme improvisée.
Mike ne pouvait pas attaquer, mais il ne pouvait pas fuir non plus en laissant Djo à la merci de ce maniaque…
Rem arriva finalement, le visage rouge, le souffle court. Dès qu’il vit la scène, il se mit en garde.
Rem avait été champion de Tae Kwon Do durant l’adolescence; même s’il ne compétitionnait plus depuis quelques années, il n’avait jamais cessé l’entraînement. La posture confiante de Rem ne fit hésiter Katzko qu’un instant : il se lança en avant en fendant l’air.
Rem recula pour laisser passer le mouvement. Lorsque Katzko arriva au bout de son élan, Rem saisit l’ouverture. Il lui décrocha un coup de pied vrillé au niveau de la nuque. Malgré l’impact, Kazko ramena vigoureusement la barre sur le tibia de Rem qui laissa échapper un cri de surprise avant de reculer en titubant.
Katzko cessa de fendre l’air pour plutôt interposer son arme et tenir ses attaquants à distance. Il les contourna prudemment sans jamais les quitter des yeux – lorsqu’il passa à proximité de Djo, il se permit de lui décrocher un coup de pied sec. Il disparut au détour de l’avenue au pas de course, sans lâcher sa barre.
Djo râlait, toujours recroquevillé sur le sol maculé. Ses mains et son visage étaient couverts de sang. « Djo? Hey Djo, est-ce que ça va? »
— Checke là », dit Rem en pointant. « Christ, il a le crâne ouvert. Qu’est-ce qu’on fait?
— On n’a pas le choix. On appelle une ambulance. »
Le regard de Rem oscillait sans cesse entre Djo et la direction que l’autre avait pris.
«  Qu’est-ce que t’attends? Appelle l’ambulance! 
— Pis l’autre cave? 
— On l’aura ben un autre moment donné », dit Mike d’une voix qu’il espérait confiante.
Il n’avait jamais compris pourquoi Karl n’avait pas fait disparaître son ennemi…
Il commençait à soupçonner que ça n’était pas faute d’avoir essayé.