Cracked.com est un site d'humour que j'adore. Aujourd'hui, ils ont présenté les résultats d'un concours où on demandait aux fans de concevoir une "wonder drug" digne du nom... Que trouve-t-on en 6e place?
mercredi 30 juin 2010
dimanche 27 juin 2010
Épisode 126 : Révélations, 3e partie
Édouard devait
être en train de rêver. Ses paupières battaient de fatigue comme les ailes d’un
papillon. Le cuir du siège dans son dos paraissait irréel, pas moins que la
présence de l’homme de la photo… Il connaissait son nom… Le nom de l’homme à la
photo… sur le bout de la langue…
« Monsieur
Gauss, auriez-vous l’amabilité de m’expliquer ce que signifie ceci? » Le passager de la limousine
tenait l’un des posters à son effigie qu’Édouard avait affichés partout dans le
quartier. « C’est bien votre numéro qui est indiqué ici, je ne me trompe pas?
— C’est
exact.
— Nous ne
nous connaissons pas; que voulez-vous accomplir en diffusant pareil avis de
recherche?
— Je voulais
comprendre…
— Comprendre quoi?
— …comprendre
ce qui s’est passé lorsque je me suis approché de votre bureau… »
Soudainement, Édouard se souvint du nom de l’homme. La chaleur et l’hilarité
que le divin liquide lui avait procurées réapparurent en une brève vague. Tout
sourire, il s’exclama : « Gordon! »
« Qui
vous a dit mon nom?
— C’est
Eleftherios… J’ai vu Hoshmand, mais Hoshmand n’est pas important… » Les
détails de sa rencontre avec Eleftherios / Aleksi lui paraissaient déjà flous… « Il
s’intéresse à moi… J’ai compris maintenant… Le pouvoir infini… Exposer ses
rivaux… » Plus il essayait de les mettre en forme, plus les idées
s’emmêlaient et devenaient difficiles à saisir dans leur évanescence.
Gordon cacha
sa surprise derrière de longues secondes de silence. « Est-ce qu’il vous a
fait une offre?
— Il m’a dit
qu’il m’expliquerait tout… Que nous aurions cette conversation une autre
fois… Il m’a montré ses pouvoirs…
— Il n’a pas
perdu de temps! Eh bien, monsieur Gauss, s’il a décidé qu’il vous initierait, nous
n’avons plus besoin de ces cachotteries… Bienvenue parmi nous. Même si j’ai été
plutôt agacé par votre surveillance, je dois saluer votre ténacité! Je préfère
encore que votre persévérance soit mise à profit auprès des nôtres – surtout
considérant que votre curiosité aurait pu menacer votre santé… Mais tout ça est
du passé! Vous semblez tomber de
fatigue, je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Étudiez bien et peut-être
pourrai-je un jour contribuer à votre formation. La moindre des choses qu’on
puisse dire, c’est que vous avez su attirer mon attention! »
Sans
répondre, sans même sourire, Édouard quitta la limousine et monta jusqu’à sa
chambre. Il n’avait jamais autant voulu dormir de toute sa vie.
Il se
réveilla confus, surpris de se découvrir au lit. Il n’avait aucune idée de la
manière dont la journée précédente s’était terminée. Un tour de son appartement
lui fit découvrir quelques étrangetés… Alors qu’il avait l’habitude de ranger
ses vêtements aussitôt dévêtu, ce qu’il portait la veille se retrouvait
pêle-mêle par terre au milieu de la chambre – bottes et veste d’hiver incluses.
L’écran de son ordinateur lui fournit le fil d’Ariane qui lui permit un premier
pas vers la compréhension : l’affiche AVEZ-VOUS VU CET HOMME? y était
encore visible.
Est-ce que sa
démarche proactive avait porté fruit? Est-ce que c’était la raison pour
laquelle il ne restait de la veille qu’un vide, un voile parfaitement opaque?
Un déclic se
fit dans son esprit. J’avais prévu que ça
puisse se passer ainsi…
Il fondit
dans sa pile de linge pour trouver son téléphone avec un mélange d’excitation
et d’appréhension. Il ne se souvenait pas dans quelles circonstances, mais
l’application Magnétophone avait été
activée; il tenait entre les mains un enregistrement de tout ce qui s’était
produit en sa présence durant les quatorze dernières heures.
Le cœur
battant, il plongea dans le mystère de tout ce temps qui échappait désormais à
sa conscience.
dimanche 20 juin 2010
Une étape est franchie!
Le Noeud Gordien est publié cinquante fois par année; l'épisode d'aujourd'hui représente donc la "mi-saison" du volume 3. Mais ça n'est pas tout. Si je vise à conclure cette histoire en 500 épisodes, l'épisode 125 marque donc la fin du premier quart après deux ans et demi de publications régulières!
L'écriture de Mythologies avance très bien; j'en parle peu ici justement parce que je me concentre sur ces projets. Il m'est parfois difficile de résister au chant de sirènes de la procrastination; au milieu d'une journée de travail, il peut être plus tentant d'écrire sur l'écriture que mettre l'épaule à la roue et écrire-pour-vrai!
Profitez bien de l'été qui commence!
L'écriture de Mythologies avance très bien; j'en parle peu ici justement parce que je me concentre sur ces projets. Il m'est parfois difficile de résister au chant de sirènes de la procrastination; au milieu d'une journée de travail, il peut être plus tentant d'écrire sur l'écriture que mettre l'épaule à la roue et écrire-pour-vrai!
Profitez bien de l'été qui commence!
Le Noeud Gordien, épisode 125 : Révélations, 2e partie
Le jeune
homme laissa la menace planer pendant un instant, puis son hilarité reprit le
dessus. Édouard eut l’impression fugace que ce rire était plus forcé que les
précédents, mais quelques secondes suffirent pour qu’il l’oublie et rejoigne
l’autre dans sa jubilation. Une fois qu'il fut calmé, ils reprirent simultanément une
gorgée. C’était si bon.
« Alors?
— Quoi,
alors?
— Quel est votre domaine?
— Avant de te
répondre, je peux te poser quelques questions? » Le sourire d’Eleftherios
s’était élargi. Il fit signe à Édouard de prendre place sur le lit.
« Seulement
si c’est pour répondre aux miennes! » Il s’assit sur un coin du matelas.
« Est-ce
que tu apprécies seulement les femmes ou aimes-tu aussi les hommes?
— Heu, sans
vouloir t’offenser, les hommes c’est pas vraiment mon truc. » Édouard eut
la tentation de se relever.
« D’accord,
d’accord. Merci. Est-ce que tu crois en Dieu?
— Non. Enfin,
pas le Dieu des religions…
— Quoi alors?
– Un créateur
intelligent, une force universelle, passe encore… Certainement pas un barbu en
toge assis dans les nuages. Disons que je suis agnostique et ouvert.
— Bien, bien…
Réponds sans réfléchir : si tu avais un pouvoir illimité, qu’en ferais-tu?
— J’essaierais
de m’arranger pour enrayer la faim, la guerre, les inégalités. Si j’avais un
pouvoir vraiment illimité, pas seulement politique, militaire ou financier, je
voudrais savoir la réponse aux grandes questions sur l’univers et l’humanité…
Pourquoi le monde? Pourquoi la vie? Est-ce que tout a un sens? Que faire sinon?
— Je t’ai dit
de répondre sans réfléchir, mais tu y as déjà réfléchi n’est-ce pas?
— Haha.
J’avoue… Quand j’étais petit, j’étais fan de super-héros…
— Je ne
connais pas trop le domaine, je t’avouerai...
— Peu
importe. Tôt ou tard, j’ai dû rêver à tous les superpouvoirs imaginables et à
ce que j’en ferais. Ça fait réfléchir… Hey! Maintenant que je le mentionne, tu
sais quoi? Je pense que j’ai trouvé.
— Quoi donc?
— Qui vous
êtes et ce que vous voulez!
— Ah oui?
— Vous êtes
une société secrète de gens avec des superpouvoirs. Je ne sais pas si vous êtes
des mutants, des agents du gouvernement, des extra-terrestres en mission… Vous
conspirez pour faire avancer votre agenda en demeurant cachés. Gordon travaille
pour une autre faction que tu veux exposer sans te mouiller! »
La boisson
rendait Édouard euphorique et désinhibé, mais une petite voix lui soufflait
comment ce qu’il disait était ridicule. Une part plus large de sa conscience
ressentait cependant à quel point le rapprochement était pertinent au point de
l’évidence.
Eleftherios
reçut la tirade les sourcils haussés et la bouche tombante; l’inévitable rire
le reprit sauvagement à un point tel qu’il tomba hors du lit. Il continua à se
rouler par terre – littéralement.
« Oh,
Édouard! Comme tu m’intéresses! » Son affirmation prenait un double sens
en la juxtaposant à sa question sur l’appréciation des hommes!
Encore assis
par terre, le jeune homme sortit quelque chose de sa poche qui avait à peu près
la forme et la taille d’un paquet de cigarette. Dans la pénombre, Édouard ne
pouvait guère en distinguer les détails, mais c’était une sorte de statuette à
la surface foncée et lisse; elle représentait peut-être une caricature
d’humain, à moins qu’il s’agisse de quelque animal stylisé.
« Qu’est-ce
que c’est?
— Ça, c’est
un de mes superpouvoirs… Attends, je vais te montrer… »
Il plaça son
doigt au milieu du front d’Édouard. Immédiatement, son regard devint vague. « Nous
aurons cette discussion à nouveau un beau jour, mais pour l’instant, souviens-toi
que tu as rencontré Hoshmand et que votre discussion ne t’a rien appris
d’intéressant. Tu es satisfait de l’avoir trouvé, tu n’as plus besoin de le
revoir. L’homme sur la photo, lui, est très important. Lorsque je vais retirer
mon doigt, tu retourneras à ta voiture, tu iras te coucher. Tu es fatigué, très
fatigué. Dès que tu seras dans ton lit, tu oublieras notre conversation jusqu’à ce
que je te la rappelle. »
Après
qu’Édouard eut quitté, Eleftherios déposa la statuette sur sa table de chevet –
elle resterait inerte jusqu'à ce qu’il la recharge. Il remit la tâche au
lendemain; il n’avait pas envie d’investir son moment d’ivresse extatique dans un
travail fastidieux qui mobiliserait le reste de sa soirée. Il décida plutôt de
finir sa bouteille en profitant de son excellente humeur.
Le regard
hagard, Édouard marcha jusqu’à sa voiture. Comme un automate, il déverrouilla
sa portière et conduisit jusqu’au stationnement de son appartement. Il était fatigué,
très fatigué. Alors qu’il se dirigeait vers la porte de son bâtiment, une
limousine vint brusquement s’interposer.
Le passager
baissa la fenêtre. C’était l’homme de la photo. L’homme sur la photo était très
important.
« Montez »,
dit-il simplement. Et Édouard monta.
dimanche 13 juin 2010
Épisode 124 : Révélations, 1re partie
Édouard fit
comme « Aleksi » lui avait demandé : il trempa ses lèvres à
nouveau dans le liquide divin. Un nouveau frisson vint fouetter sa peau. Il
ressentait une profonde empathie pour le jeune homme sur le lit, comme s’il
l’avait toujours connu. Il se sentait si bien!
« Je m’appelle Eleftherios Avramopoulos.
— Enchanté
Eleftherios, moi c’est Édouard. » L’échange avait un je-ne-sais quoi
d’absurde qui transforma le petit rire doux en fou rire. Une fois calmé,
Édouard poursuivit : « Donc, Gordon?
— Gordon,
c’est Gordon » répondit l’autre d’un ton enjoué. « C’est mon ancien
étudiant.
— Ton étudiant?
— Oui, mon étudiant.
— Je ne
comprends pas.
— Il faut
commencer par le commencement…
— Oui, c’est
la meilleure place où commencer… Une chose à la fois…
— Des fois,
une chose à la fois, c’est trop! »
Les deux se
fixèrent un instant avec un air interloqué. Puis ils explosèrent de rire.
Édouard
retrouva le calme le premier. « Le commencement?
— Ah, oui. Hmmm,
par où commencer.
— Si vous
vous connaissez déjà, pourquoi toute cette mascarade avec Alexandre et la
photo?
— Ah, ça, ça
n’était pas à propos de Gordon et moi. C’était pour voir si Alexandre avait ce
qu’il faut.
— Ce qu’il
faut pour…?
— Pour
retenir mon intérêt, disons.
— Mais Gordon
a bien inventé l’Orgasmik?
— À peu près
aucun doute là-dessus.
— Mais dans
quel but?
— Quoi, dans
quel but? Est-ce que l’argent ne suffit pas?
— En théorie,
oui, mais… Il y a quelque chose de louche là-dedans. Philippe est très, très
avare. Il n’aurait pas embarqué sans une grosse part du gâteau. Il faut donc
que Gordon ait été prêt à lui laisser cette part… »
Eleftherios
avait les yeux grands ouverts; apparemment, la logique d’Édouard
l’impressionnait. « Continue…
— Semble-t-il
que les choses ont changé, mais lorsque l’Orgasmik a été écoulée dans La Cité
pour la première fois, c’était par d’autres canaux que le crime organisé, ce
qui est étonnant considérant la place qu’avait le clan Lytvyn…
— Pas mal du
tout! Pas mal du tout!
— Donc… Quel
est son vrai but?
— Mon
opinion, c’est qu’il veut démocratiser l’usage des drogues illégales.
— Heu…
— Mais
j’imagine que le but de ta battue d’aujourd’hui, c’était d’abord de savoir
comment il a fait pour que tu te perdes en chemin à chaque fois que tu
approchais son bureau.
— OUI! Merci!
Enfin! Alors?
— Je ne sais
pas.
— Comment, tu
ne sais pas? Tu viens de me dire que c’était ton étudiant!
— Écoute, ça
fait un bon moment qu’il a gradué; même à l’époque, c’était mon meilleur élève.
Nous innovons tous dans le domaine particulier dans lequel nous œuvrons, mais
Gordon est très créatif… C’est une adaptation d’un truc assez simple…
Tiens : lorsque Hoshmand fait connaître sa présence, il te surprend
toujours, hein? Tu ne l’avais pas vu venir?
— Cent pour
cent des cas.
— C’est le
même genre de truc. On peut cacher des gens, mais aussi des lieux et des
choses… Ce que je ne saisis pas, c’est comment il a pu en faire un dispositif
sélectif qui ne requiert pas sa présence.
— Au juste…
— Quoi donc?
— Dans quel
domaine œuvrez-vous, Gordon, Hoshmand et toi? Et qui d’autre?
— Tu sais
Édouard, je t’aime bien. Je pourrais te le dire, mais…
— Mais quoi?
— Je devrai te tuer après! »
Édouard était
beaucoup trop confus pour dire s’il blaguait ou s’il était sérieux. Aleksi /
Eleftherios l’avait dit avec le même sourire qui ne les avait pas quittés… mais aussi avec un pétillement étrange dans
ses yeux.
mercredi 9 juin 2010
Pensée du jour
Le plus grand mystère n'est pas que nous soyons jetés au hasard sur la terre. C'est que dans cette prison, nous tirions de nous-mêmes des images assez puissantes pour nier notre néant.
- André Malraux
dimanche 6 juin 2010
Le Noeud Gordien, épisode 123 : Penthouse
Hoshmand
passa un coup de fil à l’écart pendant que le soleil d’hiver finissait de
disparaître à l’horizon. Quoiqu’il n’entendit pas les mots, à voir ses
expressions, Édouard percevait que la discussion était source de contrariété
pour M. Hoshmand. L’air renfrogné, il dit à
Édouard : « Suivez-moi. Nous ne pouvons pas discuter ici ».
Sans attendre
de réponse, il tourna les talons et s’éloigna d’un pas vif. Édouard n’eut
d’autre choix que de le suivre.
Sans dire un
mot, ignorant les questions d’Édouard, Hoshmand marcha au même rythme jusqu'à
l’Hôtel Royal, adjacent au complexe Les Muses. Dans l’ascenseur, Hoshmand
inséra la clé qui permettait de monter jusqu’au penthouse. Lorsque les portes
s’ouvrirent, il demeura en place en montrant la sortie à Édouard. Avant que les
portes ne se referment, il dit : « Soyez poli ». Son ton
exprimait une irritation qu’il ne cherchait pas à cacher.
Un bruissement
plus loin dans la suite indiquait qu’il n’était pas seul. Il avança prudemment,
à l’affût de tout. Il sursauta lorsqu’il entendit une voix éloignée lui
dire : « Par ici, M. Gauss! Approchez! »
Il traversa
une grande aire ouverte aménagée comme une salle à manger; à sa gauche, il
distinguait une cuisine complète. Le penthouse ressemblait plus à un
appartement luxueux qu’à une chambre d’hôtel. Édouard aperçut une silhouette
humaine derrière des portes françaises aux carreaux givrés. Il prit une profonde
inspiration et tira les vantaux.
Un homme
d’une vingtaine d’années était affaissé sur un grand lit. À l’autre bout de la
pièce, une télévision muette produisait la seule lumière de la pièce.
« Aleksi
Korhonen », dit Édouard en le reconnaissant.
« Édouard
Gauss », répondit l’autre avec un sourire. Ses paupières semblaient
lourdes; il avait au visage le sourire un peu niais de l’ivrogne ou du drogué.
« Alors, on bat les buissons pour faire sortir le renard?
— Ma battue a
assurément fait sortir quelque chose! »
Aleksi éclata
d’un fou rire incontrôlable. Les yeux larmoyants, il dit en peinant entre deux
vagues d’hilarité : « Trouver Hoshmand… Avec… avec… un porte-voix! » Il se tapait les
cuisses comme si c’eût été la chose la plus drôle de l’histoire.
La bonne
humeur d’Aleksi fit sourire Édouard. Il ne doutait pas un instant que le jeune
homme fut sous l’effet de quelque drogue.
« Pourquoi
avoir donné la photo de cet homme à Alexandre?
— Cet homme? Vous ne connaissez pas encore
son nom? »
Édouard ne répondit
pas.
« Il
s’appelle Gordon. Parfois c’est son nom, parfois son prénom.
— Mais
encore?
—
Prendriez-vous un verre, M. Gauss? »
Aleksi prit
un verre vide sur la table de chevet. Édouard n’avait pas remarqué le décanteur
de cristal ciselé qu’Aleksi avait déposé à côté du lit, à portée de la main. Il
remplit le verre et le tendit à Édouard. Il fit tinter la
carafe contre le verre avant d’en prendre une lampée à même le goulot.
Édouard en but une petite gorgée. Il s’attendait à ce que le liquide soit du vin :
il avait la même couleur rouge et profonde. Il fut surpris de découvrir qu’il
goûtait l’eau, mais pas n’importe laquelle : l’eau la plus pure, la plus
fraîche qu’il eût jamais avalée; il la sentit descendre en lui comme une vague de
fraîcheur, comme un frisson agréable partant de sa gorge et allant jusqu’à ses
extrémités. Après cette première vague, une partie du frisson demeurait logée
au creux de sa poitrine, comme une bulle d’euphorie qui diffusait dans tout son
corps l’impression d’être habité par un petit rire doux. Son sourire
s’accentua. Il se sentait bien, libre, pétillant d’énergie et de spontanéité.
« Wow,
qu’est-ce que c’est que ça?
— C’est une
préparation de mon cru », répondit Aleksi. « Je pense bien que Gordon
s’en est servi comme base pour en faire une version plus concentrée et plus…
sexuelle avec la drogue O. »
Malgré son
sourire qui ne le quittait plus, Édouard se dressa comme un chien de
prairie en état d’alerte.
« Je
vois que j’ai votre attention, M. Gauss. Je peux vous appeler Édouard?
— Bien sûr…
Je peux vous appeler Aleksi?
— Non, non,
non. Appelle-moi plutôt par mon vrai nom », répondit le jeune homme.
Édouard
fronça les sourcils sans toutefois perdre son sourire benêt.
« Prends
une autre gorgée et je t’explique», dit-il alors qu’il portait à nouveau
la bouteille à ses lèvres.
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