dimanche 2 mai 2010

Le Noeud Gordien, Épisode 118 : Après l’adrénaline


Lorsque Mitch entra dans le bureau de Karl à l’arrière de sa quincaillerie, il était facile de remarquer l’effet de l’adrénaline sur son système. Ses yeux grand ouverts ne clignaient pas, son souffle demeurait court et rapide, sa main tremblait légèrement.
Karl connaissait le meilleur remède à pareille condition : il sortit une bouteille de Jack et deux shooters d’un tiroir. Il les remplit et les tendit tous les deux à son neveu avant de lui demander : « Pis? »
Mitch fit cul sec deux fois. Son expression exaltée laissait penser que sa manœuvre avait été une réussite. Ses premières explications jaillirent en vrac avec force onomatopées. Karl lui versa deux autres verres; il avala ceux-là plus lentement. Il commençait à apparaître plus calme.
« Reprends du début, mais un bout à la fois! »
Mitch se reprit donc plus posément en commençant par où et comment il avait volé la voiture dont il s’était servi, l’endroit où il s’était positionné, comment il avait vu venir le bon moment pour dépasser sa cible et l’emboutir à angle droit… Comment il avait pu fusiller la limousine et déguerpir sans même qu’on retourne ses tirs. Il portait une veste pare-balle, mais la meilleure façon de s’en tirer était encore de ne pas s’exposer au feu de l’ennemi!
« Eh ben! Ça t’aura pris six mois, mais tu as réussi!
— C’est bien parce que tu m’as dit de le faire », répondit un Mitch dubitatif. « Si c’était juste Tricane qui me l’avait demandé…
— Souviens-toi que chaque fois que je lui ai demandé une faveur… 
— Ouais ouais, tu reviens toujours là-dessus… Mais maintenant que j’y pense, tu ne m’as jamais dit ce qu’elle a fait pour toi… »
Karl avait quelques bons exemples en tête, mais plus encore, il savait maintenant par quels moyens elle parvenait à accomplir ce qu’elle promettait… Il inspira profondément et dit : « C’est grâce à elle que Lev Lytvyn est mort.
— Ben voyons donc! »
L’expression de Karl disait sans équivoque je n’ai jamais été aussi sérieux… Intérieurement, il était soulagé d’avoir pu discuter sans problème des faveurs qu’il avait échangé avec Tricane sans que ce qu’elle appelait son assurance ne le bloque comme cela arrivait parfois.
 « Et moi, qu’est-ce que je vais pouvoir demander? »
Karl répondit en regardant sa jambe et en haussant les épaules. Quoique muette, sa suggestion était claire.
« Et tu penses qu’elle pourrait te donner ça? Comment? »
Karl haussa les épaules à nouveau sans répondre. Cette fois, il pouvait sentir sa langue nouée par ce nœud qu’il ne pouvait défaire… par ce même pouvoir qui permettait à Tricane d’honorer les faveurs promises.  

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