Félicia avait une certaine avance
sur Édouard : lorsque celui-ci arriva à l’étage inférieur, elle était déjà
disparue de la cage d’escalier. Il ne trouva qu’une porte en train de se
refermer.
Édouard découvrit un deuxième étage
au design fort différent des
autres : il déboucha sur un couloir tapissé de portes de part et d’autres.
Il était facile de deviner que celui-ci traçait un rectangle recouvrant tout
l’étage. Un bruissement à sa droite lui indiqua la direction prise par Félicia.
Il tourna le coin juste à temps pour la voir disparaître à l’autre bout.
Là-bas, de grandes baies vitrées laissaient filtrer une lumière morne sur les
murs du corridor. Elle ne pourra plus
courir bien loin, se dit-il. Félicia agissait étrangement. Quelle mouche l’avait
piquée? Elle avait paru froissée lorsqu’Avramopoulos l’avait proclamé
élève-adepte. Était-ce pour elle une façon de lui rappeler qu’elle était sa
supérieure?
Édouard tourna le coin. L’une des
portes était restée entrouverte. L’entrebâillement donnait sur un espace format
bureau; toutefois, plutôt que la pièce nue à laquelle il s’était attendu, il
découvrit que quelqu’un l’avait aménagée en chambre. Un épais matelas gonflable
occupait le tiers du plancher; un tas de sacs et de valises était empilé dans
un coin. Les vêtements qui traînaient un peu partout ne laissaient aucun doute :
il venait de découvrir l’antre de Félicia.
Alors qu’il s’apprêtait à demander
comment il pouvait l’aider, elle l’interrompit en posant ses lèvres sur les
siennes. Abasourdi, Édouard ne réagit pas; Félicia renchérit en l’agrippant à
la taille et en l’attirant tout contre elle. La surprise ne dura qu’un instant;
Édouard largua sa surprise, ses questions, ses résistances pour l’embrasser en
retour.
Pour lui qui n’avait embrassé qu’une
seule femme de toute sa vie adulte, le contraste ne pouvait être plus marqué.
Geneviève avait toujours été circonspecte dans ses étreintes, tandis que
Félicia s’avérait intense, affamée; alors que son ex embrassait timidement, la
jeune femme agissait avec un aplomb, une assurance déstabilisante.
Alors que Félicia l’embrassait
encore, elle détacha la ceinture d’Édouard puis le bouton de son pantalon. Ses
mains ne s’arrêtèrent pas là : sans hésiter ne serait-ce qu’un instant,
elles s’insinuèrent dans son sous-vêtement. Elle le trouva aussi dur que durant
son obsession induite. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle éloigna son visage, le
souffle court. Il se perdit dans ses beaux grands yeux, remplis de désir mais
aussi d’une certaine tendresse qu’Édouard s’expliquait mal, tant ce
rapprochement était soudain.
Il l’avait toujours trouvée
mignonne, mais peut-être en raison de leur différence d’âge, il ne l’avait
jamais imaginée comme ça…
Cette fois, c’est Édouard qui initia
le baiser, porté par un raz-de-marée d’attraction primale. Il se débattit avec
les boutons du chemisier de Félicia avec les doigts tremblants, avant de se
résoudre à relever comme un t-shirt. Elle portait un soutien-gorge des plus
simples, sans aucune fioriture.
Édouard caressa sa poitrine
par-dessus le tissu pendant que Félicia le regardait avec le sourire joueur d’une
femme consciente – et contente – d’avoir pareil effet sur un homme. Sans dire
un mot, elle dégrafa le soutien-gorge et laissa glisser les bretelles le long
de ses bras.
Ses seins n’étaient pas magnifiques :
ils étaient parfaits.
Une nouvelle lame de fond le poussa
vers elle. Elle se laissa guider jusqu’au lit. Il s’accroupit sur son corps
allongé, lui embrassa la bouche, le cou, les seins, le ventre, puis il finit de
la dévêtir en un seul mouvement qui emporta ses pantalons et ses
sous-vêtements. Le cœur battant, il se redressa pour la contempler.
Elle s’assit au bord du matelas, son
beau visage encore illuminé par son sourire mystérieux. Elle empoigna son sexe
au garde-à-vous et le tira jusqu’à sa bouche. Elle le lécha et le caressa avec
la même fougue que durant ses baisers, ne s’arrêtant que pour le titiller plus
doucement avant de recommencer de plus belle.
Il se désengagea juste avant de
jouir. Il s’agenouilla à côté du matelas et plongea entre les cuisses de
Félicia à son tour. En peu de temps, elle se mit à frémir, à gémir, à se
tortiller. Sa réaction vive – là où celles de Geneviève avaient toujours été pour
le moins discrètes – l’excita et l’encouragea davantage, ce qui donna lieu à un
véritable cercle vicieux. Les gémissements de Félicia devinrent des soupirs
saccadés aux intervalles de plus en plus rapprochés. Elle gémit en crescendo
une fois, deux fois, trois fois. Puis tout son corps se détendit.
Félicia prit la tête d’Édouard entre
ses mains et la guida jusqu’à sa bouche. Ils s’embrassèrent encore, plus
doucement qu’avant; sans cesser l’embrassade, elle le déshabilla à son tour,
les pantalons d’abord, la chemise ensuite. Elle ne s’éloigna qu’un instant pour
aller tirer un condom de l’un de ses sacs. Elle déchira l’emballage et entreprit
de le dérouler sur le sexe d’Édouard.
Félicia se coucha sur le lit et
ouvrit les jambes. Édouard n’avait jamais reçu si belle invitation. Félicia
gémit encore lorsqu’il la pénétra. Malgré le latex, Édouard se sentait à fleur
de peau, proche de l’explosion. Il réussit néanmoins à moduler ses transports,
à entrecouper les moments les plus intenses d’autres moments de tendresse. La
tension monta encore à travers cette alternance entre le vite et le lent, le
doux et le brusque.
Alors qu’il s’apprêtait à ralentir
une fois de plus, Félicia agrippa ses fesses à deux mains et entreprit de lui
dicter son rythme. Elle le poussa soudainement sur le côté; avant qu’il n’ait
réalisé ce qui se passait, elle avait grimpé sur lui pour le chevaucher sans
ménagement.
La tête d’Édouard tournait, il se
croyait dans un rêve. Les gémissements de Félicia lui soufflèrent qu’elle
approchait de l’orgasme. Il observa avec fascination toute sa peau se couvrir
de chair de poule, sa poitrine et ses joues rougir… Ses propres gémissements s’élevèrent
en écho à ceux de Félicia. Le monde s’éclaira d’un halo de plaisir, pour ensuite
laisser place à la langueur du désir satisfait.
Félicia se glissa dans le creux de
son épaule. Leurs peaux mouillées de sueur les soudèrent l’un à l’autre. Édouard
lui embrassa le front. Il ne savait pas quoi dire; il aurait voulu que le
moment dure toujours. Il choisit donc de se taire.
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